Maîtriser votre poignée de main; elle parle
Votre poignée de main parle. Imaginez cette scène.
Vous apercevez à distance une personnalité bien connue. Il est non accompagné et semble prêt à faire de belles rencontres. Vous prenez votre courage et vous dirigez vers lui pour faire connaissance.
Il sourit et vous offre un contact visuel invitant en vous tendant la main. Vous vous présentez en échangeant la traditionnelle salutation.
Oh la la! Malaise. Ce n’est pas du tout un contact agréable. Peut-être que sa main est moite, molle ou écrasante? Que faire?
Extrait de mon nouveau livre, Projetez confiance et crédibilité (Béliveau éditeur), voici quelques astuces pour le « Donneur » ainsi que le « Récepteur » afin de remédier aux poignées de mains désagréables.
LE BROYEUR
Aie, aie, aie! Vous vous souvenez bien du grand gaillard qui vous a écrasé les doigts avec cette technique, surtout si vous portiez une grosse bague. Ai-je raison, Mesdames? La personne vous tend la main et soudain vos doigts se tassent un derrière l’autre. Cette poignée de main est généralement perçue comme agressive et provient de celui qui est trop désireux de plaire ou est en quête de pouvoir.
Donneur : Ajustez votre poignée de main selon la physionomie de l’autre. S’il est de moindre taille, relâchez votre poignée de main, tout en la gardant ferme, mais moins forte.
Récepteur : Communiquez le serrement de votre main un peu en écartant doucement vos doigts pour élargir votre portée.
ELLE EST PARTIE!
Oups! On s’est manqué! Au lieu de se rencontrer au centre, un est allé vers la droite et l’autre vers la gauche.
Donneur ou récepteur : Offrez de recommencer : « Oh, la la, pardon. Je crois que l’on peut faire mieux. Que diriez-vous de recommencer? » Et allez-y, recommencez.
LE SANDWICH DU POLITICIEN
Vous croyez que la poignée de main est terminée, puis tout à coup, un poids additionnel arrive sur le dessus : sa main gauche. Votre main droite est maintenant au centre de ce sandwich.
Donneur : Utilisez cette technique avec beaucoup de parcimonie. La plupart des gens se sentent pris au piège dans cette poignée de main. À l’occasion, avec modération et des gens que vous connaissez bien, cela pourrait être approprié pour évoquer votre sincère appréciation de l’autre. Quand c’est un geste sincère, il sera très probablement sympathique et sera très estimé, comme dans le cas d’offrir ses condoléances.
Récepteur : Recherchez l’authenticité chez l’autre en observant d’autres signes non-verbaux sincères comme dans le contact des yeux et le sourire.
LE RÔTEUX
Cette salutation est cousine du « Sandwich du politicien » et est aussi très utilisée par des personnalités publiques. Au lieu de former un sandwich par-dessus la main droite, la main gauche tapote le dos de l’autre, comme on le fait pour faire faire le rôt à un bébé. Les sentiments souvent exprimés en lien avec cette salutation sont : maternant et minimisant. Les mêmes mots sont utilisés pour décrire le tapotement sur l’avant-bras de l’autre. Encore ici, cela dépend toujours de celui qui initie ces petites tapes. Quand on l’aime bien, cela peut réchauffer le cœur. Mais prenez bien garde aux autres messages perçus, surtout en affaires.
Donneur : Évitez-la en situation professionnelle.
Récepteur : Ne soyez pas trop ennuyé, ces petites tapes additionnelles au serrement de la main pourraient indiquer l’appréciation de votre compagnie ou quelqu’on souhaite vous rassurer. Le président Barack Obama a fait de cette poignée de main sa salutation de choix. Je n’ai pas eu le privilège de serrer la main du 44e président des États-Unis, mais je suis certaine que l’intention derrière son tapotement est de mettre les gens à l’aise. J’imagine le rencontrer et l’entendre me souffler doucement : « Allez, allez Julie, ne vous inquiétez pas. Oui, je suis le président des États-Unis, mais tout va bien aller. »
LE SERPENT GLISSANT
La paume est humide et les doigts sont mous. Ces indices pourraient dégager un manque de confiance ou de la nervosité.
Donneur : Raffermissez votre poignée de main. Pratiquez-vous avec des gens en qui vous avez confiance. Sollicitez leurs rétroactions.
Récepteur : Regardez le visage de l’autre. Observez d’autres signaux non-verbaux qui indiqueraient un malaise ou de la gêne. Une légère grimace pourrait indiquer de la douleur en lien avec une crise d’arthrite ou une récente chirurgie. Il pourrait aussi signaler de la nervosité. Quand vous détectez des joues ou un cou rougissants, des gouttelettes de sueur sur le front ou les sourcils, il pourrait s’agir d’une personne qui souffre d’hyperhidrose . Ne mettez pas tout votre jugement de l’autre dans cet échange tactile des mains. Observez tous les signes non-verbaux .
Si vous avez tendance à suer des mains, voici quelques astuces:
· Avant de serrer la main, appliquez de l’antisudorifique, choisissez-en un qui est clair, ou utilisez un gel antibactérien à base d’alcool.
· Gardez un mouchoir dans votre poche et pressez-le doucement pour en absorber l’humidité supplémentaire, avant de serrer la main de l’autre.
· Ajoutez un peu de talc, non parfumé, à votre mouchoir. Encore ici, serrez-le discrètement dans votre poche, en marchant, avant d’aller vous présenter.
· Pendant les cocktails, tenez toujours votre verre de la main gauche.
LE POMPISTE
Il secoue vigoureusement votre main et ne la relâche pas. J’ai en tête mon grand-père paternel Roméo. De ses deux mains, il tenait celle de l’autre, montait et descendait doucement, rythmiquement. Il ne voulait surtout pas être celui qui lâche prise par peur de manquer de respect envers l’autre.
Cette poignée de main pourrait être attribuée à la nervosité ou à une personne qui ne souhaite pas, comme Roméo, briser le lien en se déférant au statut plus élevé de l’autre pour cesser la salutation.
Donneur : Soyez conscient, seulement quelques « pompes » suffisent.
Récepteur : Doucement, détendez, relâchez, élargissez vos doigts et instinctivement l’autre retirera sa main et vous relâchera.
LE COOL À LA MODE
La nouvelle salutation des jeunes, des « cools » ou des hyperbranchées.
Entre le moment où je suis la rédaction de ce livre et le moment où vous le lirez il y aura probablement quelques nouvelles façons de se dire « Bonjour ».
Donneur : Gardez-vous une petite gêne. Adaptez-vous à l’autre. Utilisez la salutation « à la mode » que si vous êtes certain que l’autre saura vous suivre. Si vous n’êtes pas certain, allez-y avec la classique.
Récepteur : Amusez-vous ! Si vous la connaissez, allez-y gaiment. Si vous ne savez pas comment, souriez et demandez comment réciproquer. Observez bien. Cette poignée de main pourrait également être utilisée par un germaphobe. Howie Mandel, le comédien canadien, qui souffre de trouble obsessif compulsif,
de son propre aveu, offre son poing en lieu de sa main.
LA DEMOISELLE EN DÉTRESSE
Au cours d’une autre époque, il n’y a pas si longtemps, je peux en témoigner, les dames, celles qu’on croyait du sexe faible, présentaient le bout des doigts pour le baise-main. Les hommes resserraient doucement leurs bouts des doigts. Certaines femmes d’un âge mûr présentent toujours la main de cette façon.
Donneur : Sauf si vous êtes dans un poste, un rôle ou une situation où vous vous attendez à recevoir un baiser votre main, présentez aussi votre paume, et secouez avec un contact complet de la main.
Récepteur : Secouez doucement la main qui vous est présentée. Ne la baisez pas à moins d’être en mode de séduction avancée. Contrairement à la poignée de main classique, n’enfoncez pas votre paume passé ces bouts de doigts.
Les poignées de main en disent beaucoup plus que nous réalisons. Du « Bonjour ! » à « L’au revoir. », maitrisez votre poignée de main. Annoncez l’égalité et non la domination ou la soumission.
Publié 15 octobre, 2015 Huffington Post (c) Julie Blais Comeau