Comment parler politique au boulot
Nous sommes en campagne électorale et tous les votes sont importants. Puis pour vous faire une idée, vous devez en jaser. Mais parler politique est tabou dit-on, surtout au travail. Vraiment? Je dirais plutôt que, comme toute chose, il faut y aller avec précaution. Voici comment:
1.NE PRÉSUMEZ PAS.
Juste parce qu’elle s’habille en rouge ou qu’il parle comme un bleu, ne préjugez pas ces comportements comme des gages d’alliance à un parti plutôt qu’à un autre.
2. RACONTEZ COMME UN JOURNALISTE.
Si vous choisissez de parler politique, ayez une perspective objective et exposez ce que les experts disent. Citez ces commentateurs, présentez des statistiques et des sondages, donnez des pourcentages et ajoutez des chiffres. Exposez que les faits sans vous prononcer personnellement. Avec cette approche, vous pouvez même mettre en lumière les pour et les contre de chacun des côtés.
3. GARDEZ-VOUS UNE PETITE GÊNE.
Les conversations dérapent lorsque chacun émet son point de vue et le défend passionnément. Puisque nous sommes tous différents, ça risque d’arriver souvent! Ne pointez jamais du doigt les croyances et les valeurs de l’autre. Ils sont la base de l’être l’humain et la source de plusieurs guerres mondiales. L’authenticité et la transparence sont de belles vertus, mais elles peuvent inclure de la retenue. Restez muet face à la partisannerie. Non seulement avec vos mots, mais aussi avec votre langage corporel et le ton de votre voix. Pas de roulement des yeux, de soupir ou de remarque sarcastique.
4. NE FEIGNEZ PAS DE SAVOIR.
Si vous ne connaissez pas les enjeux, ne faites pas semblant. Informez-vous.
« Je ne suis pas trop au courant, mais j’aimerais en apprendre davantage. Qu’en est-il au juste? »
5. APPROCHEZ LA DIVERSITÉ AVEC CURIOSITÉ.
« Humm, je n’y avais jamais pensé de cette façon. C’est intéressant. Parlez-moi de votre perspective. »
6. PRÉPAREZ VOTRE DÉPART.
Lorsqu’un propos vous insulte, que vous vous sentez attaqué, respirez encore avec la bouche fermée. Puis, mettez-vous d’accord, d’être en désaccord.
« Bon, je comprends que nous sommes tout aussi passionnés l’un que l’autre. Pour le bien de notre relation, mettons-nous d’accord d’être en désaccord. »
Il est parfaitement acceptable d’ensuite changer de sujet.
Si on insiste pour que vous étaliez votre opinion politique, c’est encore ici le moment de changer de sujet ou de quitter. Pas trop subtil vous me direz, mais c’est préférable à une confrontation d’opinions.
« Oh la la, il vaut mieux que je m’abstienne sur ce sujet. Que faites-vous ce weekend? »
« Je ne suis pas trop au courant. Il vaut mieux que je retourne travailler. »
7. NE LE PRENEZ PAS PERSONNELLEMENT, PRENEZ-LE PROFESSIONNELLEMENT.
Soyez ouvert au point de vue des autres. Ce n’est pas une question de bien et de mal. Même si vous avez droit à la liberté d’expression, votre lieu de travail n’est pas une tribune publique. Comme employé, ambassadeur de votre employeur, vos paroles et gestes pourraient vous voir congédié ou discipliné.
Donc avant de parler politique au boulot ou ailleurs dans vos communautés, visualisez un panneau jaune: pente glissante devant. N’attendez pas que la « chaussée soit mouillée » prévenez, avant d’avoir à appuyer sur le frein d’urgence.
Peu importe votre alliance, soyez reconnaissant pour le privilège de voter. Le 1er octobre prochain, exercez ce droit dans l’un des 4000 bureaux de la province. Puis le lendemain, entrez au boulot avec le panneau jaune en tête : pente glissante devant.
Publié dans mitsoumagazine.com 18 septembre, 2018 (c) Julie Blais Comeau