L’affaire Weinstein: quoi faire ici
« Cela arrive dans plusieurs secteurs et dans tous les types de jobs! »
Il y a déjà plus d’une semaine, une, puis quelques actrices américaines ont témoigné des comportements douteux sur le « divan » ou plutôt la table de massage d’Harvey Weinstein. Elles sont maintenant des dizaines qui dénoncent, non seulement en direct d’Hollywood mais aussi de partout sur la planète.
Au fait, les demandes douteuses ou des attouchements sans commun accord ne sont pas faites qu’aux stars ou en stars en devenir d’Hollywood. À titre de blogueuse Situations délicates du HuffPost depuis 2011 et comme ex-directrice des ressources humaines, je peux vous assurer que cela arrive dans plusieurs secteurs et dans tous les types de jobs.
Au fil des ans, j’ai reçu des courriels de lectrices, le dimanche soir avant qu’elles retournent travailler le lundi matin, qui me demandent quoi faire quand elles sont inconfortables par des paroles ou un comportement fait par un supérieur, un supérieur en devenir, un collègue ou même un client.
Ce malaise s’applique aussi lorsque vous êtes exposé(e) à des commentaires désobligeants, des photos ou des vidéos qui sont offensants. Qu’ils soient graves ou généralement acceptés, ils peuvent s’appliquer à des allégations d’harcèlement.
Selon nos tribunaux, tous les milieux de travail doivent être libres de mots et de gestes qui mettent en péril le droit de l’employé à l’équité, la tolérance, la liberté et la sécurité.
Le harcèlement est considéré dès qu’un employé se sent victime de discrimination, d’intimidation ou lorsqu’il a un malaise face à ce qu’il voit et entend dans son milieu de travail.
Ces « situations délicates » sont émotionnellement drainantes. Elles sont souvent en lien avec le sexe et le pouvoir. Elles sont difficiles pour les nouvelles recrues et tout autant pour les professionnels chevronnés. Le harcèlement ne discrimine pas selon les secteurs de l’économie ou de la hiérarchie organisationnelle.
La crainte d’être surpassé pour une promotion ou de la perte d’emploi, de productivité et de concentration, l’anxiété, des maux physiques ainsi que la diminution de la confiance en soi, sont toutes des conséquences réelles du harcèlement.
Solutions :
Si vous, ou un(e) proche, vous trouvez dans une situation malaisante au boulot voici la marche à suivre.
1. Affirmez votre désapprobation.
- Regardez la personne concernée droit dans les yeux.
- D’un ton franc et direct, donnez une description précise de ce qui est inapproprié et vous rend inconfortable.
« J’ai un malaise avec cette demande, ce toucher. Je ne suis pas du tout confortable avec ce commentaire. Je vous demande de cesser immédiatement. »
- Si la personne répète ces paroles ou ces actions, restez ferme dans votre demande en réaffirmant que ce n’est pas acceptable.
- Ajoutez que si elle répète le comportement, vous le signalerez à qui de droit, incluant à la police.
« Si vous le faites encore, je vais vous dénoncer. »
Je sais, ces paroles affirmatives ne sont pas faciles quand on a peur. Au besoin, pratiquez-vous avec une personne de confiance. Le plus rapidement vous annoncerez votre désaccord, le plus rapidement le comportement cessera.
2. Documentez clairement les incidents.
- Faites ceci le plus près possible de l’incident avant que votre mémoire vous joue des tours.
- Vos preuves doivent inclure : les dates, les heures ainsi que les personnes présentes aux moments de vos inconforts.
- Ajoutez autant de détails que possible.
- Faites une copie des documents – et gardez-la chez vous.
- Vous pouvez même partager cette information avec un confident.
3. Parlez-en à qui de droit.
Comme dans la plupart des « situations délicates » au travail, qui ne sont pas criminelles, ma première recommandation est de suivre la politique, les procédures et/ou les directives de résolutions de conflits de l’employeur. Dans la majorité des cas on demande de parler au supérieur ou au service des ressources humaines. Faites-le en présentant les faits documentés.
Si vous faites partie d’un syndicat, suivez la procédure de règlement des griefs et sollicitez l’accompagnement de votre représentant syndical dans ce processus.
4. Sollicitez l’appui de vos pairs.
Informez un collègue de confiance de votre situation. Au besoin, il pourra vous servir de témoin.
Malheureusement, je dois vous faire une mise en garde. Certains à qui vous partagerez l’incident vous conseilleront de simplement passer l’éponge ou banaliseront la situation. Hélas… Peut-être craignent-ils de perdre leur emploi ou d’avoir des répercussions de la part de l’employeur?
5. Déposez une plainte officielle.
Une plainte peut aussi être déposée auprès de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail, et/ou Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec.
Si vous craignez pour votre sécurité, s’il s’agit de toucher sans consentement ou d’harcèlement criminel, communiquez avec la police au (9-1-1).
6. Cherchez d’autres opportunités d’emploi pour quitter votre poste vers un environnement de travail juste et respectueux.
Parfois, rarement je l’espère, après avoir tout tenté sans succès, quitter son emploi est la meilleure solution pour l’employé, sa santé, sa sécurité, sa carrière et son bien-être général.
Et si vous êtes témoin, vous avez aussi la responsabilité de dénoncer. Pensez-y, vous ou un proche que vous appréciez, pourriez être la prochaine personne à qui il demandera un « p’tit » massage pour se détendre…
Courage et lumière.
Avis: Ces recommandations vous sont offertes comme de gracieuses suggestions d’une marraine à son protégé. Au besoin, consultez un avocat ou notaire.
Publié 13 octobre, 2017 HuffPost Québec (c) Julie Blais Comeau
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